jeudi 8 janvier 2009

Le Gruyère Cycling Tour

Dimanche 31 août 2008

J'ai tellement aimé me promener en vélo, mon sport préféré (ex æquo avec le ski alpin) que, 48 heures avant notre re-déménagement au Canada, j'ai participé au Gruyère Cycling Tour (anciennement nommée la Pascal Ricard), une course de vélo attirant des gens de partout dans le monde. C'était une expérience folle, un défi imposant pour moi! Que dire de la fierté d'avoir réussit cet exploit! En effet, la course de plus de 85km comportait l'ascension d'un col, le Jaun-Pass, culminant à 1509 mètres d'altitude, en plus du relief déjà fort accidenté de la région.

Tout a commencé lorsque, quelques temps auparavent, je discutais avec Mélanie, une autre adepte de vélo et de plein air, sur les endroits où je pourrais me trouver un chandail de vélo (un maillot, dans le language cycliste) qui serait aussi pour moi un souvenir. Bref, pas un maillot d'une compagnie étrangère, mais quelque chose d'ici, d'un peu plus unique. Elle portait justement le maillot d'une des courses précédentes et me disait que la prochaine course, annuelle, serait le dimanche 31 août prochain, deux petits jours avant mon grand départ vers Montréal. M'étant ensuite renseigné sur Internet, j'ai pris la décision de m'inscrire. On ne pouvait pas contre plus s'inscrire sur Internet, mais seulement sur place, la veille ou le jour même de la course. Dès le samedi matin, la veille de la course, Myriam et moi nous sommes rendus sur place, à Bulle, pour l'inscription, et en avons profité pour (re)visiter le coin, retourner au village de Gruyère, faire quelques amplettes de souvenirs de dernière minute et profiter de la belle température. Je me suis donc inscrit, et j'ai même inscrit mon père afin de lui rapporter, à lui aussi, un maillot de la course, en souvenir de son voyage en Suisse pendant l'été, car il n'a pas pu, lui non plus, trouver un maillot de vélo comme souvenir de ce pays paradisiaque pour les cyclistes.

Le soir venu, disons que je me demandais dans quoi je m'étais embarqué, surtout que je devais me lever assez tôt pour me rendre à temps pour le départ, à 8h30 sonnant. Ce n'est pas vraiment la distance à parcourir mais plutôt la dénivelé du parcours qui cultivait mon hésitation.

Dimanche matin, je suis d'attaque, on embarque donc le vélo dans la voiture et on se rend sur place. On croise beaucoup de cyclistes, qui, mine de rien, se rendent au départ à vélo, question de s'ajouter quelques kilomètres... L'adrénaline coule dans mes veines, bien présente.

Quelques étirements plus tard, me voilà au fils de départ, respirant l'air frais matinal de la campagne, avec Myriam qui m'encourage et prend des photos . À environ deux minutes du départ, je décide de gonfler un peu mes pneus car, n'ayant pas de pompe à pied (elle est restée à Montréal), je n'ai pu régler la pression optimalement. (Mm: Tout juste avant le départ de la course, un baryton s'est mit à chanter a capela un hymne/balade en allemand. Tout doucement, la foule, composée de plusieurs centaines de cyclistes, c'est mise à avancer...) Alors là, catastrophe! La valve de la chambre à air rend l'âme, comme ça, devant mes yeux qui trahissent cette profonde déception, cette rage refoulée. Quelques secondes plus tard, malgré que les cyclistes commencaient à passer le fils de départ, je change ma chambre à air et pompe un maximum d'air avant d'enfourcher ma bécane, 12 minutes après le départ officiel, les bras fatigués. Je clanche, comme on dit en bon français, espérant rattraper des pelotons, mais en vain. Douze minutes de, ça ne se rattrape pas si facilement, surtout seul pour affronter le vent! Mais là, comble de malchance, je me met à hésiter sur le chemin à emprunter (ais-je tourné au bon endroit au dernier rond point?), car je ne vois pratiquement personne. (Mm: Tu as même demandé la direction à une passante qui t'a indiqué la mauvaise direction... ) Je reviens donc au départ, voit un autre cycliste quittant le départ en retard, lui aussi, et me met à le suivre, lui qui reprend le même chemin! Bon, j'ai tout remonté pour rien!! (parce que, après le départ, ça descend...) Qu'à cela ne tienne, il est encore tôt, j'aime rouler et nous sommes maintenant deux pour affronter la brise qui nous fait face. Nous roulons donc pendant une dizaine de minutes, le temps de me rendre compte que le gars n'est pas vraiment de mon calibre, et que je perd mon temps. Je pars donc seul, tel une échapée, avec le désir bien avoué de rattraper le reste des coureurs étant partis, eux, à l'heure. Ce n'est qu'à l'approche du Jaun Pass que je commence à voir de plus en plus de cyslistes. Malgré mon pédalier compact (deux plateaux au lieu de trois), qui m'oblige en mouliner avec force dans les montées, je suis encouragé par la quantité de coureurs que je laisse derrière, ceux-ci toujours sur leur selle et même parfois à pied. Il y a même, tout au long du trajet, des gens, vieux comme tout jeune, qui nous encouragent chaudement sur le bord de la route.

Cette montée est décidément interminable, la plus longue et à pic de mon existence, je dois en convenir. Arrivé en haut, c'est la première halte, à 1/3 du trajet, qui me permet de retrouver mon souffle, faire le plein d'énergie (fromage Gruyère à volonté, oranges, bananes, boisson déshaltérante, gâteaux énergétiques). En dix minutes à peine, ne voulant pas perdre mon avance (ou mon retard rattrapé), j'enfourche à nouveau mon bolide à pédale et, oh joie, je me met à dévaler les pentes en zig-zag, en me gardant tout de même une certaine gêne, devant les accidents que je peux voir sous mes yeux. En effet, il est extrêmement facile d'atteindre des vitesses ahurissantes, rendant les nombreux virages en "U" assez (très!) périlleux. Il y avait d'ailleurs des bénévoles qui nous faisaient signe de ralentir dans pratiquement tous les virages en "S" (ou "U"...)



C'est donc là mes plus beaux souvenirs de cette course. Une course prend toute son essence lorsqu'on roule à plusieurs, bien souvent en peloton. Tout seul, au départ, c'était moins évident de se motiver et je devais couper le vent moi-même, 100% du temps, ce qui use beaucoup plus les forces. J'ai donc eu un plaisir fou à rouler le deuxième et troisième tiers en compagnie de d'autres cyclistes, à en dépasser plusieurs (ça, c'est le fun!!) de fils en aiguille, en changeant de peloton, parfois seul, parfois avec un autre petit groupe. Je me suis réellement dépassé physiquement, en atteingant un niveau de performance que je n'aurais pas cru pouvoir atteindre, surtout après la montée du col Jaun-Pass plus tôt dans la course. C'était très motivant, je vivais le parfait bonheur!

Donc, cette fin de course, le dernier tiers, fut quand même assez péniple, conséquence d'un mélange de mollets en feu, d'une montée modérée mais un peu trop constante sur tout le dernier tiers. Mais le plaisir de rouler à des vitesses folles, parfois 60 km/h sur le plat. Il y a vraiment des cycliste "freak", par ici, et ils ne s'entrainent pas sur la vulgaire Camilien-Houde du Mont-Royal, eux! Une chance que ma saison de vélo complète était en Suisse, car je n'aurais pas tenu le coup!

Ainsi donc, je termine finalement ce magnifique parcours caractérisé par la magnifique vue offerte par la région pré-alpine. Je m'élance donc dans un dernier sprint, pas aussi puissant que voulu, mais quand même, et je passe l'arrivée, avec l'accueil chaleureux de centaines de personnes. J'attendais le fils d'arrivée depuis quelques kilomètres déjà... Je suis à ce moment très content et fiers de ce que je viens de réaliser. Je redonne la puce RFID (pour le chronomètrage) et rejoins Myriam qui m'attendait impatiemment.Nous avons ensuite pu acheter un 2e ensemble cuissard & maillot de la course, comme souvenir pour mon frère, car il était possible d'en acheter sur place. Pas de jaloux et un heureux de plus!